Outil en pause pour trois mois
Depuis début avril, la Berne fédérale, soutenue par nombre d’associations faîtières, tente de faire infléchir une Maison Blanche décidée à taxer à hauteur de 31% le Swiss made. Parmi les rares arguments répertoriés pour négocier, on évoque des investissements supplémentaires de plus de
CHF 150 milliards de la part d’un pays qui se situe déjà au sixième rang des plus gros investisseurs et créateurs d’emplois aux États-Unis.
Dans ce contexte, toute intervention de la BNS sur le marché des changes serait considérée comme mal venue. Surtout que Washington ne s’est jamais privée – quel qu’ait été le locataire de la Maison Blanche – de critiquer les interventions de la banque centrale suisse. La BNS perd ainsi un de ses deux outils habituellement utilisés pour maintenir la stabilité des prix. Du moins d’ici juin, délai accordé par Donald Trump aux pays enclins à négocier avant l’entrée en vigueur effective des taxes douanières.
0% en juin
Il reste donc les taux directeurs. Pour contrer les risques de désinflation induits par la force du franc sur les importations, la BNS devrait procéder en juin à une sixième baisse en autant de réunions consécutives, amenant son taux directeur à 0%. Le scénario des taux négatifs se rapproche alors même qu’il tendait à s’éloigner au fur et à mesure que l’Allemagne et la zone euro intervenaient pour soutenir leur économie.
Risque de désinflation
Le franc s’est apprécié jusqu'à 10% contre le dollar depuis le début de l’année. Contre l’euro, la hausse est moindre, mais tout de même de près de 3% depuis l’annonce de l’imposition de droits de douane supplémentaires par Donald Trump. Ainsi, la pression monte non seulement sur les industries exportatrices touchées de plein fouet par la force du franc et des barrières tarifaires toujours plus élevées, mais aussi sur les prix à l’importation. En mars, ces derniers étaient déjà en recul de 1,7% sur un an pesant sur une inflation à 0,3%. Pour rappel, aux États-Unis, elle résiste et n’a toujours pas atteint l’objectif de la
Réserve fédérale (Fed) de 2%.
BCE aussi
La Banque centrale européenne devrait, elle aussi, poursuivre le relâchement de sa politique monétaire, alors que la Fed, faute de visibilité, a prolongé sa pause dans son cycle de baisse des taux, au grand dam de l’équipe présidentielle. Jerome Powell, le président de la Banque centrale américaine, défend ainsi son indépendance au-delà des salves verbales de Donald Trump.
Diversification bienvenue
Dans un tel contexte, les emprunts en francs gardent leurs vertus défensives, mais la faiblesse des rendements incite à faire évoluer la construction des portefeuilles vers d’autres actifs à revenus fixes, comme la dette à haut rendement ou l’or.