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Patience face à une fin de cycle à rallonge

Cher franc, pile et face

  • L’économie suisse ralentit, mais la récession devrait être évitée.
  • L’inflation, le franc et l’Allemagne préoccupent.


Le ralentissement de l’économie suisse était attendu. Il est là. Après un bon premier trimestre (+0,9%), le produit intérieur brut (PIB) a stagné au deuxième. Entre mars et juin, l’activité a encore fléchi dans l’industrie alors qu’elle restait vigoureuse dans les services. Et, selon les statistiques économiques égrenées pendant l’été, cette tendance à la décélération devrait se poursuivre. Doit-on craindre une récession? Bien qu’en recul, les indicateurs avancés ne plaident pas pour un tel scénario cette année. Le Secrétariat d’État à l’économie évoque une croissance de 1,3% pour 2023 et de 1,2% pour l’an prochain. Même si ces prévisions paraissent ambitieuses, elles laissent une certaine marge avant toute incursion dans le rouge. La Banque nationale suisse (BNS) compte, elle, avec une croissance de 1% pour cette année.

Consommation solide

Comme les États-Unis, la Suisse peut compter sur son marché du travail, sur la consommation privée et plus globalement sur les services pour soutenir sa croissance. Or, l’inflation érode peu à peu le pouvoir d’achat des ménages, les sondages sur l’emploi perdent en conviction et les services montrent quelques signes de faiblesses. Des éléments à surveiller.

Inflation sous surveillance

Au centre des préoccupations, l’inflation évolue désormais dans la fourchette recherchée grâce à la bonne gestion de la BNS. Mais, à 1,6% en août, elle reste proche de la limite supérieure de 2%. Ainsi, comme l’ont rappelé les autorités monétaires, la tendance au renchérissement n’est pas encore totalement maîtrisée. Il n’y a qu’à penser aux hausses de loyer attendues ou à l’évolution des prix de l’énergie et leurs conséquences sur la formation des prix de nombreux biens et services pour s’en convaincre.

Frein allemand

Intervient alors une autre cause de préoccupations, qui, elle, prend sa source au-delà du Rhin. L’économie allemande pourrait être la seule en Europe à finir l’année en récession. Plombée par son industrie exportatrice, des ménages peu enclins à dépenser ou sa structure démographique, la première économie du continent est à l’arrêt. Or, l’Allemagne reste le premier partenaire économique de la Suisse. Et tous les regards de converger vers le gouvernement qui petit à petit cumule les mesures de soutien.

Décision pragmatique

Plus globalement, la Suisse et son économie ouverte restent à la merci de la croissance mondiale, appelée à évoluer mollement ces prochains trimestres. D’ailleurs, les milieux exportateurs se sont à nouveau fait entendre récemment pour dénoncer les risques accrus liés au franc fort. C’est dans ce contexte que la BNS a pris la décision pragmatique de faire une pause dans sa politique de resserrement monétaire en laissant son taux directeur à 1,75%. Elle reste attentive à l’évolution du franc – aide solide dans sa gestion de l’inflation puisque sa force freine celle importée –, tout en limitant les risques pour l’activité.

Pour la gestion d’un portefeuille, ces éléments soulignent qu’il faut encore compter avec une certaine volatilité des taux longs suisses, qu’il s’agit de ne pas baisser la garde devant son exposition en devises et qu’une approche neutre du marché suisse prévaut, en privilégiant les sociétés de qualité.
 

Atterrissage en douceur de l’économie: le plus dur reste à faire

  • L’économie mondiale avance, mais mollement.
  • Proche de sa fin, le resserrement monétaire n’a pas encore produit tous ses effets.
  • La seconde partie d’année s’annonce plus compliquée pour les actions.

L’économie suisse n’est pas la seule à ralentir. Elle s’en sort même plutôt bien en comparaison internationale. Car, si l’activité se maintient bien aux États-Unis, elle s’essouffle en Europe et peine en Chine. La première partie d’année a été marquée par la résilience de l’économie mondiale. D’ailleurs, les prévisions de récession n’ont cessé d’être repoussées, renforçant le scénario d’un cycle atterrissant en douceur. Depuis cet été, quelques nuages apparaissent dans le ciel annonçant un passage un peu plus compliqué à négocier, notamment en raison d’une baisse de la demande. Comment alors aborder ce dernier trimestre durant lequel l’économie mondiale devrait montrer un visage hésitant, inégal, mais encore doté d’une certaine force de résilience?
 

Attention aux services


En cette drôle de fin de cycle, les nuances prennent toute leur importance. Ainsi, la pluie de statistiques estivales a modifié la forme de la croissance de l’économie mondiale. Décrite en K ce printemps, elle montre désormais un aspect moins divergent, puisque ses deux principaux moteurs, que sont l’industrie et les services, présentent des courbes de croissance se rapprochant. L’un, les services, ralentissant, l’autre, l’industrie, se stabilisant. Au-delà de cette vue d’ensemble, des différences apparaissent d’une région économique à l’autre. Les statistiques parues mi-septembre aux États-Unis ont surpris positivement renforçant le rôle de locomotive de la première économie mondiale. Au cœur de la zone euro, tout n’est pas non plus uniforme, puisque le leader s’est fait distancer. L’Allemagne avance en effet moins vite que la France ou l’Italie. Par ailleurs, soutien essentiel à la croissance européenne, les services cèdent peu à peu du terrain sous les coups de boutoir de l’inflation.

Inflation persistante

La lutte est sans relâche. Pour maîtriser l’inflation, les principales banques centrales ont procédé à une des hausses de taux les plus rapides de l’histoire. Alors que le cycle de resserrement monétaire touche à sa fin, un constat s’impose: le recul de l’inflation est aussi marqué que l’a été la progression. Le plus dur reste cependant à faire. Nombre de questions demeurent. À quel rythme poursuivra-t-elle sa décrue? Faut-il craindre de nouvelles tensions en raison notamment des prix de l’énergie et de données structurelles comme la démographie, la transition énergétique, etc.? Les banquiers centraux l’ont répété, ils restent attentifs le volant de l’économie mondiale bien en mains. Ceci, alors même que la hausse des taux n’a pas encore totalement déployé tous ses effets, notamment sur le comportement des ménages ou des entreprises. Les conditions d’octroi de crédit restent défavorables.
 

Emploi en voie de normalisation

S’il est un indicateur qui est particulièrement suivi, c’est bien celui de l’emploi, et notamment de l’emploi américain. Véritable socle de la résilience de la première économie mondiale, il présente ses premiers signes de normalisation. Ainsi, pour ne citer que deux exemples, le taux de démission baisse désormais et la croissance des salaires ralentit. Son évolution constituera une des jauges pour comprendre dans quelle mesure la Fed parviendra à gérer, l’an prochain, le toujours plus difficile équilibre entre croissance, taux et inflation. En d’autres termes, si elle réussira l’atterrissage en douceur de l’économie américaine – donc de l’économie mondiale. Un scénario toujours d’actualité, mais pour combien de temps?

Taux plus hauts pour plus longtemps

Les marchés doivent digérer cette entrée dans une ère de taux non seulement plus hauts, mais plus hauts pour plus longtemps. C’est une des explications de leur récente irrégularité après une première partie d’année vigoureuse. Des fluctuations qui devraient se poursuivre. Nous maintenons dans ce contexte une allocation neutre des actions dans les portefeuilles, avec une préférence pour le marché américain dans un ensemble bien diversifié. Le retour des rendements obligataires se confirme au-delà de leur volatilité. Cette classe d’actifs a reconstitué son réservoir de performance et offre des perspectives attractives, y compris en Suisse.
 

La stratégie d’investissement en 3 questions

Période plus compliquée pour les actions


1. Pourquoi garder un positionnement neutre envers les actions?

Les marchés des actions ont affiché une belle progression dans la première partie d’année, même si leur évolution a gagné en irrégularité depuis août. Cette performance repose grandement sur l’expansion des multiples de valorisation. Des multiples qui dépassent désormais, pour les indices les plus efficients, leur moyenne historique. Un exemple? Les actions américaines s’échangent à plus de 19x les bénéfices estimés sur un an. Afin que les attentes bénéficiaires se justifient dans les douze prochains mois, les résultats des entreprises doivent prendre le relais et confirmer leur bonne tenue. Or la croissance devrait rester molle dans un contexte d’inflation contenue. Nous maintenons ainsi une allocation en actions proche de neutre dans un environnement un peu plus compliqué pour cette classe d’actifs, mais dans lequel la prime de risque demeure à un niveau moyen. Relevons encore une forte disparité entre les zones géographiques et les secteurs. Dans ce contexte, nous préférons le marché américain et la qualité tout en veillant à une bonne diversification des placements.

2. Tous les segments obligataires présentent-ils le même attrait?

Le maintien attendu de taux élevés soutient le retour des rendements obligataires. La situation sur le front de l’inflation et des politiques monétaires demande toutefois une approche ciblée. Depuis le début de l’année, tous les segments obligataires affichent une performance positive sur le marché suisse, mais gagnent en volatilité. Les obligations à haut rendement caracolent en tête et peuvent présenter une source de diversification selon son profil de risque, tout comme les emprunts d’entreprises. Les obligations suisses de qualité, bien présentes dans les portefeuilles, se distinguent également. Celles dotées d’échéances courtes à moyenne tendent à compenser la perte de pouvoir d’achat liée à l’inflation.

3. Le franc peut-il encore se renforcer?

L’évolution récente du franc reflète la bonne conduite monétaire de la Banque nationale dans sa volonté de lutter contre la hausse des prix sans trop entraver l’activité économique. Le dollar a, lui, rebondi depuis ses plus bas du début de l’été en raison de la bonne tenue de l’économie américaine et du maintien plus longtemps qu’attendu des taux à un niveau élevé par la Réserve fédérale. À noter que le regain actuel de forme du billet vert ne plaide pas en faveur de l’or. Le dollar reste cependant fragilisé à plus long terme par l’endettement du pays et par les tensions commerciales sino-américaines. L’euro pâtit, lui des doutes autour de la capacité de l’économie européenne à confirmer une certaine résilience et de la sortie désynchronisée du cycle de resserrement monétaire.