Attention aux escrocs! Vos identifiants sont confidentiels, ne les communiquez jamais. Vérifiez bien les coordonnées du bénéficiaire/montant de vos paiements. Soyez vigilant lors d’appels venant d'un support informatique. N’installez jamais de logiciels d’accès à distance. En savoir plus

Envie d’entreprendre? Ce qu’il faut savoir

L’écosystème vaudois est très bien équipé pour aider les jeunes pousses. Les conseils de David Narr, coach pour Genilem auprès de jeunes entreprises innovantes.

Que peut-on étudier pour être à l’aise afin de lancer et diriger son entreprise?

David Narr: Souvent, on distingue deux options. On peut soit suivre des études commerciales, soit des études technologiques, selon ses envies et ses affinités bien sûr.

Les premières s’ouvrent sur une grande série de secteurs. Elles permettent de rebondir dans une série de domaines: aspects juridiques, fonctionnement du consommateur, écoute du marché - très importants quand on lance une entreprise -, viabilité financière d’un projet…

Les secondes sont axées sur le «faire». On devient spécialiste d’un domaine, on peut aller jusqu’à un travail de master ou un doctorat qui fait avancer la science. En suivant cette voie, on peut être sûr de développer un projet innovant et unique. L’avantage d’être connaisseur dans la technique et la technologie c’est de pouvoir parler ensuite directement à d’autres ingénieurs. Les études scientifiques apportent aussi une grande rigueur, une vision scientifique du monde qui peut aider dans l’univers des start-up, notamment technologiques. On peut toujours renforcer ses connaissances sur le plan commercial ensuite.

Toutes les études sont intéressantes au final, car elles ouvrent l’esprit, mais elles ne sont pas indispensables. Les apprentis offrent des profils d’entrepreneur merveilleux, qui complètent parfois leur apprentissage par des études. C’est spécifique à la Suisse et c’est une chance. Dans l’entrepreneuriat, les gens jugeront quelqu’un à partir de la façon dont il résout un problème, pas en fonction de son niveau d’études. Développer un produit qui correspond à un besoin est en soi suffisant, si l’on sait s’entourer ensuite de personnes qui ont fait des études pour les aspects comptables, juridiques, commerciaux.

Quels sont les programmes d'aides dans le canton de Vaud pour les jeunes entrepreneurs?

Ils sont très nombreux. We Start et Graines d’entrepreneurs sont des initiations au concept pour les écoliers. On trouve des concours d’entrepreneuriat à l’Université de Lausanne et à l’EPFL (Start Lausanne). Il y a aussi les prix d’encouragement à l’entrepreneuriat, comme le Prix Genilem HES. Il encourage les projets qui démarrent et il est accompagné d’un coaching de trois ans. Beaucoup de prix offrent visibilité et argent, mais ne sont pas suivis de coaching. Cet accompagnement permet pourtant d’aller plus vite, éviter les erreurs que d’autres on fait, s’ouvrir et se poser des questions qu’on ne se poserait pas. C’est toujours une étape bonne à prendre pour un entrepreneur.

Ensuite, il y a les programmes de la Confédération, mis en place par Innosuisse, qui requièrent un projet technologique un peu avancé, mais visent depuis peu l’entrepreneuriat social.

On trouve aussi des lieux dédiés à la création d’entreprises, les incubateurs, qui hébergent de jeunes pousses et leur ouvrent l’accès à des spécialistes: La Forge à l’EPFL, MassChallenge, Y-START à Yverdon-les-Bains…

Genilem sélectionne dix à douze entreprises par an, qui apportent une innovation -pas forcément technologique - et sont à un certain stade de maturité. Nous proposons aussi des programmes de sensibilisation ouverts à tous, quel que soit le stade, pour apprendre à pitcher son projet, penser sa stratégie…

Innovaud, d’une manière globale, accueille tous ceux qui ont des projets et idées technologiques, les coache et les réoriente si besoin.

Quels sont les secteurs porteurs du moment?

Tout ce qui est food, tech ou livraison. On voit beaucoup d’entreprises dans l’uberisation du service à la personne, l’idée est ici d’amener les biens et services au plus près de chacun. S’y ajoute tout ce qui est fintech: la blockchain, les cryptomonnaies et les services financiers sont en plein boom ainsi que la domotique, les objets connectés et leur gestion. La cybersécurité, la gestion et l’analyse de données sont importantes et vont le devenir de plus en plus. Idem pour les medtech ou cleantechs, c’est-à-dire toutes les solutions qui permettent de réduire l’impact sur l’environnement. Et l’énorme tendance c’est l’entrepreneuriat social: tenir compte de tous les acteurs et des impacts sur la société quand on fait quelque chose. On ne peut pas lancer un projet qui n’intègre pas cette dimension-là aujourd’hui.

Quelle est la première étape à privilégier quand on a une idée ou une envie?

Parler de son idée autour de soi et faire son étude de marché le plus rapidement possible, c’est-à-dire parler aux clients potentiels, leur présenter ce qu’on veut faire, écouter leurs besoins.

Ensuite, essayer d’avoir un prototype qu’on met dans les mains de son client. Dans la medtech ce n’est pas possible, mais dans la livraison, par exemple, il faut essayer pour voir comment cela fonctionne, être confronté à la réalité du terrain.

La tendance c’est le design thinking, c’est-à-dire mettre le consommateur au centre, être attentif à ce qu’il veut. Certains ingénieurs construisent des produits géniaux, mais non utilisés, car ils ne résolvent pas un problème réel. Être en contact avec son marché le plus rapidement possible et créer son produit en collaboration avec le client est la clé.

Quels conseils donneriez-vous à un jeune qui se lance en matière d'organisation et de gestion du temps?

Dès que l’on entre dans l’entrepreneuriat, on court après le temps. Il est essentiel d’essayer de garder un équilibre entre vie professionnelle et vie privée, car tout le monde en a besoin.

Je conseille aussi de laisser de la flexibilité dans son emploi du temps. Un lundi matin, le planning de la semaine peut ne comporter que trois heures de rendez-vous. Et la fin de la journée, la semaine seront très souvent pleines de choses imprévues à régler.

Vivre sans planning fixe est essentiel. Mais il faut tout de même savoir se fixer des priorités, car on est très vite submergé, accaparé. Surtout quand on est en contact avec ses clients: on veut leur répondre de suite et on oublie le long terme. Or une vision stratégique est essentielle.

Réserver une ou deux heures par jour pour gérer ses e-mails est un élément important aussi. Autrement, on est dans l’urgence. Et il faut prendre du temps pour garder du recul.

Quels conseils pour ne pas se décourager quand on débute dans un domaine sans mode d’emploi?

Savoir s’entourer sur le plan privé et professionnel. Si on a un moment de déprime au travail, un collègue peut prendre le relais. Sur le plan personnel, l’entourage joue le rôle de soupape. Être dans un réseau de jeunes entrepreneurs permet de partager et de réaliser que tout le monde est confronté aux mêmes soucis. Ça soulage énormément de se dire qu’on n’est pas nul, mais que tout le monde passe par là. Briser cette solitude, c’est mentalement et psychologiquement très précieux.

Bon à savoir

Pour faire l'expérience de l'entrepreneuriat «grandeur nature» et dans son lieu de prédilection, la BCV a mis en place depuis 2013 un camp, intitulé Silicon Valley Startup Camp (SVSC), pour les étudiants des hautes écoles vaudoises.

Durant une semaine, les dix participants sélectionnés se rendent à San Francisco, rencontrent à la fois des entrepreneurs et visitent des incubateurs, des sièges de sociétés devenues mythiques, comme Facebook, Google et bien d'autres. Chaque jour, ils bénéficient de workshops d'initiation à l'entrepreneuriat pour se familiariser avec les concepts les plus pertinents du moment. Les candidatures sont ouvertes chaque année au printemps; toutes les informations sont disponibles sur les réseaux sociaux de la BCV, notamment la page Facebook destinée au Silicon Valley Startup Camp.

 

David Narr

Coach en création d’entreprises innovantes depuis sept ans chez Genilem. Lui-même entrepreneur, il a lancé une entreprise spécialisée dans la création de jeux publicitaires en ligne sur mesure, qui a été ensuite vendue à une agence de communication. David Narr est titulaire d’un Master en Économie d’Entreprise de HEC Lausanne