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Perspectives dans un environnement de taux bas

Les banques centrales des pays développés ont poussé les taux d'intérêt à des niveaux historiquement bas. Cette politique de plancher zéro qui vise à stimuler la performance économique a aussi entraîné son lot de conséquences non désirées. C'est précisément sur ces effets collatéraux et sur ce qu'ils représentent pour les investisseurs obligataires qu'a porté la conférence d'Andrea Vedolin, Docteure en économie et professeure assistante à la London School of Economics, invitée au "Lunch de la finance" consacré au fonds BCV Total Return Bonds.

De quelle façon la politique du plancher zéro a-t-elle affecté les rendements sur le marché obligataire? 

L’environnement actuel de taux d’intérêt bas a déclenché une « chasse au rendement » où, en d'autres termes, les taux bas incitent les investisseurs à rechercher des rendements plus élevés sur des placements à revenu fixe plus risqués. En conséquence, on a pu observer un net recul des volumes investis dans les fonds traditionnels du marché monétaire et une importante progression de ceux investis dans les fonds obligataires. Même si ces derniers ont bien performé ces dernières années, on ignore à quel point leurs rendements seront affectés par les futures hausses de taux. Par exemple, les fonds high yield/junk bonds ont connu des rachats significatifs l’année dernière, lorsque la Federal Reserve a augmenté son taux cible, suivant ainsi le mouvement des investisseurs revenant à des obligations gouvernementales plus sures.

Ces derniers 20 ans, nous avons assisté à un recul prolongé des rendements attendus ; aujourd’hui, les rendements réels attendus sur les obligations sont inférieurs au niveau qu’ils ont atteint pendant la plus grande partie (90%) de la période allant de 1990 à nos jours. C’est également vrai pour les actions, ce qui implique qu’un portefeuille équilibré 60/40 n'aurait pas beaucoup mieux performé.  

Quelles sont les opportunités qui s’offrent alors aux investisseurs obligataires? 

A l’avenir, les banques centrales vont vraisemblablement augmenter les taux d’intérêt mais, d’après leurs déclarations, ni la Fed ni la BCE ne semblent prêtes à le faire dans la précipitation. Les données historiques indiquent que les effets des hausses de taux sur les fonds d'obligations gouvernementales sont minimes sur le long terme. Par ailleurs, les investisseurs devraient aussi garder à l’esprit qu’une augmentation du taux cible d’une banque centrale n’implique pas nécessairement une baisse des prix des obligations à moyen terme. Par exemple, les prévisions pour les rendements obligataires à moyen terme sont toujours basses.

L’expérience nous a démontré que, si les politiques monétaires non conventionnelles ont un effet à court terme sur les marchés, leur impact à long terme est limité. Ceci pencherait en faveur du maintien des portefeuilles avec des horizons d’investissement à plus long terme. Quant aux zones géographiques, j’estime que les Etats-Unis et l’Europe offrent toujours un bon potentiel pour le long terme.

La Fed va probablement augmenter les taux d’intérêt d’ici la fin de l’année. A votre avis, comment vont réagir les autres banques centrales? 

Etant donné les circonstances actuelles, je pense que le scénario le plus vraisemblable, du moins dans un premier temps, verra les principales banques centrales mener leurs actions surtout en fonction des particularités de leurs économies locales respectives. Une réponse uniforme me paraît moins probable.

Actuellement, la BCE se concentre essentiellement sur la croissance et l'inflation dans la zone euro. L’incertitude au sujet de la réaction de la BCE est en outre renforcée par les divergences apparues ces dernières années au niveau des fondamentaux économiques des pays de la zone euro. A titre d’exemple, alors que l’inflation s’accroît en Allemagne, rendant ainsi toujours plus plausible une hausse de taux, l’Italie fait face à une croissance faible et à une importante crise bancaire, qui a empiré avec le vote britannique sur la sortie de l’UE.  De même, la Bank of England (BoE) se concentrera selon toute vraisemblance sur les conséquences éventuelles de l’incertitude persistante liée aux effets du Brexit sur l'économie du pays. Pour répondre à ces préoccupations, la BoE a annoncé en septembre un élargissement de son programme d’achat d’actifs afin d’y inclure les obligations de sociétés étrangères opérant dans le Royaume-Uni. Elle a aussi récemment déclaré que l’inflation allait probablement presque tripler l’année prochaine, ce qui pèsera lourdement sur le budget des ménages.

Andrea Vedolin

Andrea Vedolin est titulaire d’un doctorat en économie de l’Université de Lugano. Elle est professeure assistante à la London School of Economics.Experte reconnue de l’évaluation des actifs financiers, elle a publié de nombreux articles traitant de la politique monétaire et des marchés financiers. Elle enseigne actuellement la gestion des risques pour les institutions financières à l’Université de Yale, en tant que professeure invitée.